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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 20:06
http://www.e-torpedo.net/article.php3?id_article=2482

Les femmes indiennes qui luttent pour les droits des femmes

Par Polly Dunbar

(JPEG)

Elles s’habillent en saris rose bonbon, mais leur réputation est loin d’être tendre.

Ce sont les justicières roses, membres d’un groupe décidé à extirper la corruption des forces de police et à appliquer une justice impitoyable aux coupables de violence domestique ou d’abus sexuel.

Elles sévissent dans l’état d’Uttar Pradesh au nord de l’Inde. Elles ont choisi le rose comme emblème de leur combat et peuvent compter dans leurs rangs, plusieurs centaines de militantes.

Elles sont armées de lathi - les bâtons traditionnels - qui servent à battre les hommes qui ont abusé de leurs épouses ou les ont abandonnées, et aussi à tabasser les policiers qui ont refusé d’enregistrer des plaintes pour viol.

Le groupe, qui s’est formé il y a deux ans, bien que ses membres soient issus des plus basses castes de la société indienne, est même parvenu à dénoncer les malversations des politiciens corrompus.

Depuis sa création, le Pink Gang, comme elles s’appellent, a été frappé par une série d’accusations criminelles, mais elles tiennent bon et résistent aux menaces.

« Personne ne vient à notre aide dans cette région » dit Sampat Pal Devi, 47 ans, la fondatrice du groupe, qui donne aux autres femmes des leçons de combat. « La police et les fonctionnaires sont tellement corrompus et anti-pauvres, que nous devons nous même faire appliquer la loi. À d’autres moments, nous couvrons de honte ceux qui se comportent mal. Mais nous ne sommes pas un gang dans le sens habituel du terme. Nous sommes un gang pour la justice. Nous portons le rose car c’est la couleur de la vie. »

Le Pink Gang est basé dans la zone de Banda, une des parties les plus pauvres d’Uttar Pradesh, et les femmes gagnent peu à peu le respect des fonctionnaires locaux réticents.

Plus de 20% de la population de Banda, sont « intouchables » la caste la plus basse.

Les femmes sont les premières victimes de la pauvreté et de la discrimination dans une société féodale dominée par les hommes et soumise aux castes supérieures.

Presque toutes les Pink justicières vivent dans des huttes de boue et de brique, sans eau courante, sans électricité, et survivent avec moins de 50 pence (0,75 euro) par jour.

(JPEG)

Aarti Devi, agée de 25 ans, nous dit : « Toute seule je n’ai aucun droit mais ensemble, en tant que groupe de Gulabi, nous avons de la puissance. » « Quand je vais chercher l’eau, les gens des castes supérieures me battent, me disent que je n’ai pas le droit de boire la même eau qu’eux. Mais quand nous sommes en bande, ils nous craignent et nous laissent tranquilles. »

« Il y a six mois, une femme a été violée et nous sommes allées avec elle au commissariat de police. Au début, les chefs ont refusé de prendre la plainte, mais ensemble, nous avons pu forcer la police à agir. Nous avons traîné l’officier de police hors du commissariat et nous l’avons battu avec nos bâtons. »

Le gang reçoit de plus en plus l’appui des hommes. « Mon père est un membre de la bande de Gulabi, » dit Aarti.

« Nous ne sommes pas contre les hommes. Nous sommes pour l’égalité des droits pour tout le monde et contre ceux qui la refusent. »

Sampat, une mère de cinq enfants, mariée à neuf ans, est devenue une célébrité locale.

Intensément fière de son travail, elle dit : « Nous avons empêché que les femmes soient violées et nous avons envoyé les filles à l’école. La violence contre des femmes et le viol sont très communs ici, aussi, nous essayons de les éduquer pour qu’elles connaissent leurs droits.

« Dans les cas de violence domestique, nous allons parler au mari pour lui expliquer qu’il a tort. S’il refuse d’écouter, nous faisons sortir la femme et alors nous le battons. Au besoin, nous le battons en public pour l’embarrasser.

Les hommes ont l’habitude de croire que les lois ne s’appliquent pas à eux, mais nous faisons le forcing pour que ça change totalement. »

L’année dernière, après avoir reçu des plaintes parce qu’un magasin d’état ne donnait pas la nourriture qu’il était sensé distribuer gratuitement aux pauvres, le gang a commencé à surveiller le propriétaire et son fils. Une nuit, on a vu deux camions chargés de grain sur le chemin du marché, où le propriétaire du magasin prévoyait de le vendre et d’empocher les bénéfices.

Le Pink Gang a fait pression sur l’administration locale pour qu’elle saisisse le grain et s’est assuré ainsi que le grain soit correctement distribué.

Source : dailymail.co.uk Le 19 janvier 2008 Traduction RAL 3-2-08


Des justicières en sari

par Neeta Lal


Face à l’inaction des autorités et à la violence quotidienne qu’elles subissent, des femmes prennent les armes et leur destin en main. Le site d’informations Asia Sentinel, basé à Hong Kong, a rencontré ces "Robin des Bois" d’un autre genre.

(JPEG) Sampat Pal Devi

Le district de Banda, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh [dans le nord du pays], l’un des moins développés de l’Inde, défraye la chronique.

C’est dans cette région du nord que sévit le Pink Gang [le gang rose], un groupe de 200 femmes qui se présentent comme les héritières de Robin des Bois. N’hésitant pas à répondre à la violence par la violence, ces redresseuses de torts punissent les assassinats d’épouses dont se rendent coupables certaines belles-mères, les sévices conjugaux, voire la corruption ou l’incapacité des élus.

Ces femmes exubérantes et intrépides, reconnaissables à leurs saris roses, sont les ennemies jurées des maris violents et des fonctionnaires incompétents. Ayant personnellement subi des sévices sexuels, elles traquent les violeurs et les époux indignes, font la morale aux malfaiteurs et envahissent les postes de police pour réprimander les agents qui ne font pas leur travail.

Créé en 2006 par Sampat Pal Devi, une femme de 45 ans mariée de force à l’âge de 9 ans et devenue mère quatre ans après, ce groupe agit comme une bande de justicières dans la zone de non-droit qu’est Banda.

"Personne ne vient à notre secours, ici. Les fonctionnaires et la police sont corrompus et hostiles aux pauvres. Aussi sommes-nous parfois obligées de faire respecter la loi par nous-mêmes. Nous sommes une bande de justicières, pas un gang", a récemment déclaré la fondatrice du Pink Gang.

Excédée par la corruption du système et les discriminations sociales dont se rendent coupables les autorités [notamment à l’égard des femmes, des basses castes et des intouchables], Sampat Pal Devi a décidé de passer à l’acte en apprenant que sa soeur avait été traînée par les cheveux dans la cour de sa maison par son mari alcoolique.

Souhaitant "donner une leçon aux hommes fautifs", elle a rassemblé des femmes de son quartier ; le groupe, armé de bâtons, de barres de fer et d’une batte de cricket, est allé trouver le beau-frère, l’a pourchassé jusque dans un champ de canne à sucre et roué de coups.

Certaines actions sont couronnées de succès.

Ainsi, le groupe a réussi à restituer à leurs maris respectifs onze filles qui avaient été jetées dehors par leur belle-mère en raison de leurs dots insuffisantes.

De façon générale, les indicateurs de développement humain du district sont évidemment très médiocres. Le taux d’alphabétisation féminin plafonne à 23,9 %, contre 50,4 % pour les hommes ; le ratio hommes/femmes est de 846 femmes pour 1 000 hommes, alors que la moyenne de l’Etat est de 879 [et qu’au niveau international le rapport est inversé : 105 filles pour 100 garçons].

Et, si la violence conjugale fait des ravages, l’arriération des femmes est encore renforcée par le poids du système de castes.

Mais le Pink Gang s’en prend aussi bien aux maris qui brutalisent leur femme parce qu’elle ne réussit pas à leur donner un fils qu’aux fonctionnaires qui s’enrichissent en vendant au marché noir des céréales subventionnées par l’Etat et normalement destinées aux plus pauvres.

Alors que les ressources naturelles du district pourraient normalement assurer des moyens de subsistance à tous les habitants, elles sont pillées par un petit nombre d’entre eux en toute impunité parce que les autorités locales ferment les yeux sur ces agissements. Dans certains villages, les paysans ne sont même pas payés et ne reçoivent qu’un kilo de céréales par journée de travail. Et le nombre de travailleurs réduits en esclavage reste très important.

Apprendre à se battre

Selon certains sociologues, le seul espoir pour toute une frange de la population spoliée et méprisée réside dans des mouvements collectifs comme le Pink Gang.

Même si le groupe n’a pas de bureau, ses membres se réunissent régulièrement chez sa fondatrice pour discuter des cas à traiter et de la stratégie à adopter.

L’apparition d’une milice de femmes dans le district de Banda est le symptôme des graves problèmes sociaux qui traversent la société indienne. "Lorsque les élus refusent de répondre aux demandes des citoyens ordinaires", observe Prerna Purohit, un sociologue de New Delhi, "ces derniers n’ont pas d’autre choix que de prendre les choses en main par eux-mêmes.

C’est un coup de semonce pour le gouvernement de la plus grande démocratie du monde."

Neeta Lal Asia Sentinel Le courrier international 1er février 2008

Lu sur RADIO AIR LIBRE

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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 19:11
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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 21:33

françafriqueAprès la proclamation de l’indépendance des anciennes colonies françaises d’Afrique, des réseaux politiques et économiques ont assuré la continuité du pillage du continent africain, au profit notamment des hommes de pouvoir en France, en plaçant des dictateurs corrompus à la tête des États nouvellement indépendants. 50 ans après, et malgré les discours de rupture, la Françafrique est toujours d’actualité...


L’association Survie organise en cette année 2010 une campagne intitulée « Libérons-nous de 50 ans de Françafrique » afin de rétablir certaines vérités sur ces 50 ans d’« indépendance » et de relations franco-africaines, de dénoncer la perpétuation de la Françafrique, et de demander une réforme de la politique de la France en Afrique.

 

porter

50 ans d’(in)dépendance pour les anciennes colonies africaines de la France

Cette année est celle de la commémoration du cinquantenaire des indépendances pour les 14 pays africains issus de l’empire colonial français. Mais 50 ans après la proclamation de ces indépendances en droit, force est de constater que ces pays restent étroitement soumis à une dépendance de fait à l’égard de la France.

Propagande officielle et contrevérités

À cette occasion, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré que 2010 serait une année de l’Afrique. L’objectif est de promouvoir l’histoire officielle d’une décolonisation soit disant « pacifique » et de dresser un bilan « décomplexé » de 50 ans de relations France-Afrique, en insistant sur ses aspects positifs.

La célébration de cet évènement par le gouvernement français est révélatrice d’une politique de la France en Afrique qui, depuis 1960, a trop souvent cherché à limiter la souveraineté des pays « décolonisés » au profit de ses propres intérêts.

Des promesses manquées...

Lors de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait annoncé vouloir rompre avec la Françafrique et la politique de ses prédécesseurs :

  • « Il nous faut conjointement chasser les vieux démons du paternalisme, de l’assistanat et du clientélisme. [...] cette relation [France- Afrique] doit être plus transparente. Il nous faut la débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. » (discours de Cotonou en mai 2006).
  • « Nous ne soutiendrons ni les dictatures, ni les pays dirigés par des régimes corrompus. » (programme électoral de l’UMP en 2007).
  • « Je veux être le président d’une France qui défende partout les Droits de l’Homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. » (discours de Toulon en février 2007).
...aux actes assumés :

Mais depuis son accession à l’Elysée, la promesse de rupture avec la Françafrique est restée lettre morte :

  • Discours de Dakar ethnocentriste et paternaliste sur « l’homme africain »
  • Soutien aux dictateurs « historiques » du pré-carré français : Biya (Cameroun) au pouvoir depuis 28 ans, Compaoré (Burkina-Faso) depuis 23 ans, Deby (Tchad) depuis 20 ans
  • En 2008 et 2009 : soutien aux putschs en Mauritanie et à Madagascar, validation des élections frauduleuses au Congo-Brazzaville, du coup d’Etat constitutionnel au Niger, du coup d’Etat électoral et dynastique d’Ali Bongo au Gabon
  • Interventions militaires au Tchad pour soutenir Idriss Déby
  • Défense de la démocratie et des droits de l’Homme reléguée derrière la défense tous azimuts du business français (Areva, Bolloré, Total, Bouygues...) : « Ne pas avoir peur de dire aux africains qu’on veut les aider, mais qu’on veut aussi que cela nous rapporte. » (Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération, juin 2008)
  • Maintien des réseaux d’intermédiaires officieux (rôle obscur de l’avocat Robert Bourgi et du député Patrick Balkany, déclassement du secrétaire d’Etat à la Coopération Jean-Marie Bockel qui voulait « signer l’acte de décès de la Françafrique »)
  • Opacité de la politique africaine de la France conduite depuis la cellule Afrique de l’Elysée et hors de tout contrôle démocratique.
  • Politique de répression des immigrés, dont les raisons de l’exil sont liées pour une grande part aux conséquences du système françafricain.
Vous avez dit 50 ans d’indépendance ?

Nous disons 50 ans de Françafrique !

 

Nos revendications :

  • Fin du soutien aux dictateurs : restitution des biens mal acquis et suspension de la coopération dans les secteurs régaliens.
  • Instauration d’une politique de coopération au service du développement, de la démocratie et des droits humains.
  • Application des principes de responsabilité sociale et environnementale des entreprises françaises et de leurs filiales.
  • Suppression de la cellule africaine de l’Elysée et des réseaux de conseillers officieux.
  • Instauration d’un contrôle parlementaire permanent et effectif sur la politique de la France aux niveaux diplomatique, économique et militaire.
  • Définition des responsabilités juridiques des décideurs français dans le génocide des Tutsi au Rwanda.

Nos actions :

  • « Moi(s) contre la Françafrique » avec des évènements et conférences-débats partout en France du 23 février au 7 avril.
  • Forum Citoyen France Afrique en mai à Paris avec de nombreuses associations françaises et africaines, concerts, stands...
  • Lancement d’un appel « Libérons-nous de 50 ans de Françafrique »
  • Campagne d’affichage, actions de rue, etc. partout en France
  • Colloque à l’Assemblée Nationale en juin sur le contrôle de la politique de la France en Afrique.

Outils de la campagne :

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Plaquette                Affiche

Sites internet :

Afrique 2010
Survie
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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 21:11
Dans le crâne d'un tueur, par Virgil Butler
Témoignage d'un ancier ouvrier des abattoirs


Disponible sur le site des Cahiers antispécistes ou en pdf ici

Le texte ci-dessous est la traduction d'un témoignage disponible sur le site The cyberactivist. Sous forme de textes brefs et incisifs qui auraient pu faire partie d'un journal intime, l'auteur nous y donne un aperçu du travail qu'il devait accomplir quotidiennement dans un abattoir. Le morceau que nous avons choisi de vous présenter évoque bien entendu les souffrances par lesquelles passent des millions, des milliards de poulets tous les jours, mais il nous permet également d'apercevoir l'autre côté du miroir : que se passe-t-il dans la tête d'un employé d'abattoir ?

Les souffrances des poulets, d'une part, et de l'employé, d'autre part, ne sont pas comparables, mais il est rare de trouver des témoignages de cet ordre. Ce point de vue ne pourrait-il constituer un argument supplémentaire à l'encontre des mangeurs d'animaux : ont-ils déjà songé à ce qu'ils font endurer aux tueurs qu'ils engagent ?

Par ailleurs, l'auteur nous a lui-même confirmé que cet abattoir, dans lequel il a travaillé jusqu'en décembre 2002, fournissait Kentucky Fried Chicken (KFC), chaîne de restauration rapide américaine, contre laquelle People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) a récemment monté une campagne.


Anne Renon


poulesVoici un sujet concret auquel la plupart des gens ne pensent même pas, même ceux qui se battent pour les droits des animaux : comment les personnes dont la tâche est de tuer les poulets sont-elles affectées ? C'est que la machine à tuer ne parvient jamais à trancher la gorge de tous ceux qui défilent, surtout de ceux qui n'ont pas été correctement insensibilisés par le bac électrique. Il y a donc un « tueur » dont la tâche consiste à attraper ces poulets de manière à éviter qu'ils soient ébouillantés vivants dans le chaudron. (Évidemment, le tueur ne peut les attraper tous, j'en reparle plus loin.)

(En lisant ce qui suit, gardez à l'esprit que je travaillais dans le plus petit de tous les abattoirs de Tyson. Ils en ont des bien plus grands qui traitent des centaines de milliers de poulets par nuit. Bien sûr, ils ont aussi plusieurs tueurs ; il y a toujours un tueur par chaîne.)

Voici la situation : votre supérieur vous informe que cette nuit c'est vous qui êtes de service dans a salle de mise à mort. Vous vous dites, « Merde ! Cette nuit, ça va être dur ! » Quel que soit le temps dehors, il fait chaud dans la salle de mise à mort, entre 32 et 38 degrés. Les chaudrons maintiennent aussi le taux d'humidité autour de 100%. La vapeur d'eau forme dans l'air une sorte de voile permanent. Vous mettez votre tablier en plastique pour vous couvrir tout le corps et le protéger contre le sang qui gicle, contre l'eau chaude qui asperge la lame de la machine à tuer et nettoie le sol. Vous mettez vos gants d'acier et prenez le couteau. Il est très coupant, il faut qu'il le soit.

De la pièce d'à côté viennent les cris des poulets en train d'être suspendus par les pattes dans les pinces d'acier, ainsi que le cliquettement de ces pinces. Vous entendez le bruit des moteurs qui font avancer les poulets sur la chaîne. Le tout est tellement fort que vous pouvez hurler sans vous entendre vous même. (J'ai essayé, juste pour voir.) Vous communiquez donc par signes si quelqu'un vient dans votre salle ; mais cela n'arrive pas souvent, on n'y vient que par obligation. Et en évitant de vous surprendre - avec ce couteau que vous avez dans la main, il ne faudrait pas que vous vous retourniez brusquement...

Arrivent donc les poulets ; ils passent dans le bac électrique d'insensibilisation, puis dans la machine à tuer. C'est le moment de se mettre au travail. On peut s'attendre à devoir s'occuper d'un poulet sur cinq environ, dont beaucoup ne sont pas insensibilisés. Ils arrivent, comme je l'ai dit, à la vitesse de 182 à 186 par minute. Il y a du sang partout, qui tombe dans le bac de 8 x 8 x 50 cm sous la machine, sur votre visage, sur votre cou, vos bras, sur toute la surface de votre tablier. Vous êtes couvert de sang. Parfois il vous faut essuyer le sang coagulé, sans quitter des yeux la chaîne, de peur d'en manquer un ; ce qui arrive...

Vous ne pouvez pas les prendre tous, mais vous essayez. Chaque fois que vous en manquez un, vous « entendez » les cris terribles qu'il fait en se débattant dans le chaudron, se heurtant aux parois. Merde, encore un « poulet rouge ». Vous savez que pour chaque poulet que vous voyez souffrir ainsi, il y en a jusqu'à dix que vous n'avez pas vus. Vous le savez, tout simplement. Vous croisez les doigts pour que la machine n'ait pas de panne ou de défaillance. Vous voulez juste arriver à la fin de la nuit et rentrer chez vous. Mais il reste encore deux longues heures et demie avant la pause. Pendant plus de deux heures vous allez tuer sans répit. Au mieux une douzaine de poulets par minute ; au pire, bien plus que ça.

Au bout d'un moment, l'ampleur démesurée des meurtres que vous accomplissez et du sang dans lequel vous baignez vous affectent vraiment, surtout si vous ne parvenez pas à débrancher toutes vos émotions et à vous transformer en un zombie de la mort. Vous avez l'impression d'être un rouage dans une grande machine de mort. C'est ainsi d'ailleurs qu'on vous traite, pour une grande part. Parfois vous vienennt des pensées bizarres. Il n'y a que vous et les poulets en train de mourir. Vous êtes assailli de sentiments surréalistes et votre comportement barbare finit par vous horrifier.

Vous êtez en train d'assassiner des oiseaux sans défense par milliers - 75 000 à 90 000 par nuit. Vous êtes un tueur.

Vous ne pouvez vraiment en parler à personne. Les gars avec qui vous travaillez vous prendront pour un tendre. Votre famille et vos amis ne veulent pas en entendre parler. Cela les met mal à l'aise, ils ne savent pas très bien que dire ni que faire. Ils peuvent même vous lancer des regards bizarres. Certains ne veulent plus trop vous fréquenter quand ils savent ce que vous faites pour vivre. Vous êtes un tueur.

Vous êtes désespéré, vous pensez à autre chose, de peur de finir comme ceux qui perdent l'esprit. Comme ce type qui est tombé à genoux en suppliant Dieu de le pardonner. Ou celui qu'ils ont traîné à l'asile, qui n'arrêtait pas d'avoir des cauchemars où il était poursuivi par des poulets. J'en ai eu des comme ça, moi aussi. (Frissons.) Très angoissants. Il faut faut essayer de penser à autre chose pour essayer de se distancer de la situation. Il faut empêcher votre esprit de se noyer dans ces centaines de litres de sang qui vous entourent. La plupart des gens qui travaillent dans cette salle ou dans la cage à suspendre les poulets prennent quelque chose, un stimulant pour les aider à tenir le rythme, et quelque chose aussi pour échapper à la réalité.

Vous devenez plus facilement violent. Quand vous vous énervez vous tendez très facilement à attaquer la personne ou la chose qui vous irrite. Vous utiliserez plus facilement une arme que vous ne l'auriez fait auparavant. Tout spécialement un couteau ; un couteau tranchant. Vous êtes un tueur.

Vous vous mettez à ressentir un dégoût envers vous-même, envers ce que vous avez fait et continuez à faire. Vous avez honte de dire aux autres ce que vous faites la nuit pendant qu'eux dorment dans leur lit. Vous êtes un tueur.

Les gens ont tendance à vous éviter, même les autres employés de l'abattoir, que ce soit par instinct ou parce qu'ils savent ce que vous faites et ne comprennent pas comment vous êtes capable de faire ça nuit après nuit. Vous ne pouvez pas être normal. Vous empestez la mort. Vous êtes un tueur. Un meurtrier de masse.

Vous finissez par débrancher toutes les émotions. Rien ne peut plus vous importer sinon vous risquez d'ouvrir les vannes qui retiennent tous ces sentiments négatifs que vous ne pouvez vous permettre de ressentir, tout en continuant à faire ce travail. Vous avez des factures à payer. Il faut manger. Mais vous ne voulez pas de poulet. Ça, il faut vraiment que vous ayez faim pour en manger. Vous savez de quoi est faite chaque bouchée. Toute l'horreur, toutes ces choses négatives. Toute la brutalité.

Tout ces choses, concentrées dans chaque bouchée.

Beaucoup de gens qui font ce métier commettent des actes violents. Des crimes. Les gens avec un passé criminel tendent à se retrouver dans ce métier. On ne peut pas être doué d'un solide sens moral et tuer des êtres vivants nuit après nuit.

Vous vous sentez à part de la société, vous n'avez pas l'impression d'en faire partie. Vous êtes seul. Vous vous savez différent des autres gens. Ils n'ont pas dans leur tête ces visions de mort horrible. Ils n'ont pas vu ce que vous avez vu. Et ils ne veulent pas le voir. Ni même en entendre parler.

Sinon, comment feraient-ils, après, pour avaler leur bout de poulet ?

Bienvenue dans le cauchemar dont je me suis échappé. Je vais mieux maintenant. Je m'adapte avec les autres, au moins la plupart du temps...
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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 22:49
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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 23:43


8 mars Aff 2010

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 22:44
Stop exportation !
La Russie n'est pas une poubelle...


Depuis plus de vingt-cinq ans, Greenpeace se bat contre les exportations de déchets nucléaires d'EDF et Areva vers la Russie. Les industriels français envoient chaque année environ quatorze mille tonnes d'uranium appauvri en Sibérie.

Des actions de plus en plus fréquentes
Déjà en 1984 Greenpeace était intervenue sur ces exportations pour les dénoncer. En 2005, c'est dans le port du Havre que Greenpeace avait interpellé les pouvoirs publics pour demander un moratoire sur ces convois. Depuis décembre 2009, les envois de déchets vers la Russie ont été bloqués à trois reprises de Cherbourg à Pierrelatte.

Un combat qui s'intensifie
Ces exportations sont intolérables et Greenpeace a décidé de faire tout ce qui est son pouvoir pour ne laisser passer aucun convoi sans entrave.

Gràce à votre soutien, Greenpeace fera la différence !
Nous comptons sur votre soutien pour nous permettre d'obtenir un moratoire immédiat de la part de Jean-Louis Borloo sur ces exportations scandaleuses. Vous êtes déjà plus de 9600 à avoir envoyé une lettre au ministre.

Pour envoyer un courrier.

Les déchets

Depuis le début des années 1970, EDF et Areva exportent des déchets nucléaires vers la Russie.
Les convois ferroviaires traversent toute la France en quelques jours pour arriver à Cherbourg ou au Havre où les déchets sont chargés sur un cargo qui les achemine en Russie. Ce circuit est très régulier, c’est environ 600 tonnes de déchets nucléaires français qui sont exportés tous les 15 jours depuis des années.

En 2005 déjà, et, plus récemment fin 2009, Greenpeace a largement perturbé le départ du navire vers la Russie. Cette année, Greenpeace s’est déjà mobilisée à Cherbourg et au Tricastin pour empêcher le train d’arriver à bon port.
Le Haut comité sur la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) a été officiellement saisi par le ministre de l’Écologie et de l’Énergie Jean-Louis Borloo et l’Office parlementaire des choix technologiques, afin de tenter de faire la lumière sur le trafic d’Areva et EDF. Le HCTISN doit rendre son rapport dans le courant du mois de mars.

En attendant, Greenpeace demande aux pouvoirs publics et en particulier à Jean-Louis Boorlo un moratoire immédiat sur ces exportations de déchets nucléaires.


Plus d'information.
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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 23:35
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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 23:09
Samedi 6 mars 2010, Vélorution soutient la régularisation de tous les sans-papiers et le droit à la libre circulation des personnes.

manifSansPapiers visuSeul

Le rendez-vous pour le départ de la vélorution est comme d’habitude à 14h00 place du Châtelet (Paris 1er). Nous rejoindrons la manifestation organisée à l’appel du "collectif sans-papiers 75" occupant le "ministère de la régularisation de tous les sans-papiers" (qui partira de République à pied à 14h). Ce ministère accueille depuis plusieurs mois déjà l’atelier vélorutionnaire coopératif et gratuit.

LIBERTÉ DE CIRCULATION : Les déplacements à vélo n’oppriment personne ni dans les rues de nos villes, ni ailleurs. L’automobile, en créant des bouchons à répétition, empêche les citoyen-ne-s de se déplacer librement. Elle rend nos villes dépendantes et réduit le recours aux modes alternatifs !

ÉGALITÉ DE CHACUN-E devant ce mode de transport économique ! Tandis que la bagnole laisse les plus pauvres sur le bord de la route et entretient une société de démonstration de soi (« j’en ai une plus grosse que la tienne ! »), le vélo favorise l’égalité sociale.

FRATERNITÉ ENVERS TOU-TE-S les habitant-e-s de cette planète ! L’automobile contribue à l’épuisement des stocks pétroliers et au dérèglement climatique. Elle accapare les ressources des pays du Sud lorsque que des millions de personnes ne peuvent vivre "convenablement".

Vélorution appelle tou-te-s les cyclistes à illustrer cette 'liberté de circulation' par décoration de vélos, déguisements, maquillage, pancartes, slogans, drapeaux... interprétation libre !

 

Velorution

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 22:18
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Les éditions De l'autre côté

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Abolir la viande

 

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